Interview
Publié le : 24.04.2018
Consultants dans le domaine RH, formateurs, informaticiens, coachs, juristes, spécialistes de l’immobilier, praticiens bien-être… Les sociétés de portage salarial traitent avec des professionnels d’horizons très divers. Avant d’être salariés de la société de portage qui leur assure une couverture sociale, les « portés » sont des travailleurs indépendants qui recherchent eux-mêmes leurs missions et ont peu de temps à consacrer à leur formation.
Pour cerner leurs besoins dans ce domaine, la branche des salariés en portage salarial et Opcalia ont mené une enquête entre le 12/12/2017 et le 16/01/2018 auprès de 116 entreprises. 42 y ont répondu soit un taux de retour de 36 %. 90% des répondantes couvrent plusieurs domaines d’activité:
« Le but de cette étude est d’évaluer les besoins en formation des salariés portés mais également d’identifier les freins à la formation pour ces salariés qui, entre deux missions ou projet réalisés, sont préoccupés par la recherche de nouveaux clients parfois au détriment de leur formation« , explique Cyril Garcia, délégué général du PEPS, l’organisation patronale représentative de ce secteur.
La principale motivation des indépendants en portage salarial qui se forment est d’accroître leur activité en se perfectionnant et en adaptant leurs compétences aux évolutions de leur marché (83 % des réponses), en certifiant des compétences pour en attester auprès de leurs clients (certifications informatiques ou de coach par exemple) et en se formant au métier de consultant et à la démarche commerciale.
« Cela répond toujours à la volonté de développer son portefeuille clients », observe Cyril Garcia. Ces formations sont majoritairement courtes (83 % des formations dispensées). Plus de la moitié des sociétés répondantes (52 %) constatent que les besoins de formation des salariés portés se situent principalement sur leurs domaines d’expertise (informatique, RH…) et sur la posture même de consultant (stratégie de prospection, marketing digital, apprendre à se « vendre »…).
Corollaire de ces freins à la formation, les sociétés de portage n’investissent pas dans la formation : 60 % des répondantes déclarent que leurs dépenses ne dépassent pas l’obligation légale (1,6 % de la masse salariale brute). La branche a créé une contribution conventionnelle plus élevée que la contribution légale, soit 1,6 % de la masse salariale des entreprises, qu’elles emploient plus ou moins de 11 salariés.
Pas moins de 64 % n’élaborent aucun plan de formation. Pourtant, « aucune des entreprises de portage salarial répondantes n’a évoqué l’absence de besoin » de formation chez les salariés portés, selon l’étude.
On pourrait s’inspirer de la POE en l’adaptant au profil de nos salariés. Elle serait mise en œuvre préalablement au contrat signé avec l’entreprise pour que le travailleur indépendant développe des compétences supplémentaires sur la posture de consultant par exemple.
Cyril Garcia, délégué général du PEPS
La branche conseille à ses entreprises de « se positionner sur les périodes de professionnalisation (avant leur disparition au terme de la réforme en cours), et sur le CPF pour obtenir les certifications informatiques ou de coach par exemple, c’est-à-dire, les certifications actuellement enregistrées à l’inventaire du RNCP ».
La branche mène également une réflexion sur « la manière de bénéficier des fonds de l’alternance qu’elles versent à leur Opca mais qu’elles n’utilisent pas car les salariés portés ne sont jamais des alternants« .
De son côté, Opcalia réfléchit à « une offre de services spécifique qui permettrait de lever les freins à la formation« , indique Anselme Lopy, conseillère branches à la direction du développement d’Opcalia. Pour les entreprises de portage salarial, le dispositif Stratégie Compétences et son mécanisme de diagnostic peut d’ores et déjà leur permettre « d’identifier un plan d’action à mettre en oeuvre ».
Les entretiens professionnels pourraient également être adaptés aux salariés portés. « Les entreprises de portage ont besoin d’avoir des outils adaptés pour leur permettre de préparer et de conduire cet entretien dans de bonnes conditions auprès des travailleurs indépendants qu’elles portent« , relève Anselme Lopy.
Opcalia réfléchit à adapter (et élargir) son Espace Formation aux besoins des salariés portés sur l’ensemble du territoire. « Pourquoi pas un secteur ‘Portage salarial’ sur Espace formation ? Le salarié porté garderait la main sur le choix de la formation mais les démarches d’inscription seraient réalisées par la société. »
L’année 2018 va être une année de consolidation des données et de concrétisation des premières actions pour cette jeune branche constituée le 16/03/2017.